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Action des femmes du PTB au conseil communal de La Louvière

Action des femmes du PTB au conseil communal de La Louvière

La mobilisation contre la violence faite aux femmes continue à La Louvière

L’action #balancetaplainte organisée par les femmes du PTB Centre a rassemblé une quarantaines de manifestant.e.s ce mardi 15 septembre sur l’esplanade du Louvexpo.
Ces femmes ont lu les témoignages poignants de dizaines d’autres femmes dont la plainte pour violence n’a pas été prise au sérieux par la police.


“Est-ce que vous êtes sûres que ce n’est pas de votre faute ?” ; “Vous n’allez quand même pas le mettre dehors, où va-t-il dormir ?” ; “Il n’y a pas de menace puisque c’est intrafamilial”... Ces récits de plaintes mal accueillies par la police sont une seconde violence pour toutes celles qui les ont vécues. Sans pointer les agents de police du doigt, le PTB veut faire en sorte que ceux-ci soient mieux formés, informés, accompagnés. C’est l’une des 5 revendications qui a été défendue à la suite de l’action au conseil communal par le PTB.


Vote négatif du PS et Ecolo à La Louvière


Le PTB est parfaitement conscient que des efforts ont été faits par la ville en matière de lutte contre les violences contre les femmes. Nous soutenons ces initiatives.

Malheureusement, la majorité communale s’est montrée particulièrement hostile à toute forme de négociation autour d’une motion qui propose d’aller plus loin. Notre étonnement est d’autant plus grand que des motions de ce genre ont déjà été déposées dans d’autres villes par Ecolo (qui est dans la majorité louviéroise). Le PTB regrette les arguments tels que “la ville est déjà un exemple”, “la ville en fait déjà beaucoup”, “la problématique n’est pas spécifiquement louviéroise” avancés par le bourgmestre.

Un état des lieux chiffré

La motion propose un état des lieux chiffré des violences faites aux femmes dans la commune.La majorité prétend que cela existe déjà : c’est faux. Il y a bien des chiffres à propos des violences intrafamiliales et des violences ordinaires, mais celles-ci ne représentent qu’une partie d’un phénomène beaucoup plus large : les violences faites spécifiquement aux femmes parce qu’elles sont des femmes (à la maison, au boulot, dans la rue, dans les transports, …). Aucune des statistiques de la ville ne concernent les violences spécifiques faites aux femmes. Nommer et chiffrer ces violences, c'est la base pour y apporter des solutions. La Convention d’Istanbul est claire à ce sujet et stipule : “Aux fins de la mise en œuvre de la présente Convention, les parties s’engagent à collecter les données statistiques désagrégées pertinentes, à intervalle régulier, sur les affaires relatives à toutes les formes de violence couvertes par le champ d’application de la présente Convention.”

Un plan d’action pour appliquer la convention d’Istanbul

En 2016, la Belgique a signé la Convention d'Istanbul. Celle-ci contraint les États signataires à l’appliquer à tous les niveaux de pouvoir, y compris communal. Après quatre ans, la Belgique n’applique que 20% de la convention. Ni dans la note de politique communale, ni dans le plan de sécurité 2020-2024, ni dans aucun texte communal, il est question d’une évaluation de ces mesures à La Louvière. Le PTB demande que le plan communal soit complet et d’application d’ici 2022.

Des formations spécifiques pour la police locale

Pour la majorité : c’est déjà fait. Or, le Service d’aide aux victimes nous a confirmé que, s’il existe des formations plus générales sur la discrimination et les violences au sens large, celles axées spécifiquement sur les violences faites aux femmes n’existent pas. Par ailleurs, le chef de corps lui-même a reconnu que les formations ne sont pas données à tous les agents. 

 

Une campagne de communication pour encourager les victimes à porter plainte.

La majorité a expliqué avoir développé une “campagne discrète” pour communiquer les numéros d’appel aux femmes victimes de violences. Le PTB ne souhaite pas que cette campagne soit discrète : elle doit, au contraire, être bien visible, et de grande ampleur, afin d’être accessibles à tou.te.s. les femmes et les hommes.

Une plateforme de dialogue

Enfin, une plateforme de dialogue entre la police, le conseil consultatif des femmes et le secteur associatif était une dernière revendication portée par la motion. Un travail a été initié par la commune et nous le félicitons. Les associations elles-mêmes sont demandeuses d’une intensification de ce qui se fait déjà. Le PTB se réjouit que cela aille dans le bon sens et n’était pas opposé à modifier la motion dans ce sens. 

Des points essentiels doivent donc encore être pris en charge pour faire reculer les violence contre les femmes à La Louvière. Les femmes du PTB continueront de défendre ces revendications dans la rue et au conseil communal.

 

La Convention d’Istanbul est un traité international du Conseil de l'Europe, amenant les États signataires à s'entendre pour l'élimination de toutes les formes de violences envers les femmes, y compris la violence conjugale et familiale. Il s’agit du premier instrument juridiquement contraignant au niveau européen, offrant un cadre juridique complet pour la prévention de la violence, la protection des victimes et la fin de l’impunité des auteurs de violences.

 

 

Voici la motion qui était proposée. Loin de la caricature, les mesures étaient précises:

 

Motion pour un meilleur accueil par la police des plaintes pour violences faites aux femmes à La Louvière



• Vu la résolution 7-123 concernant la violence entre partenaires adoptée au Sénat le 10 juillet 2020 ;

• Vu que la résolution 7-123 du Sénat demande, entre autres,

- d’inscrire dans les plans zonaux de sécurité la lutte contre les violences conjugales dans les priorités ;

- de développer les formations multidisciplinaires et intersectorielles afin de favoriser l’échange et la coopération avec d’autres professionnels confrontés à la violence entre partenaires, comme les policiers ou les acteurs en soins de santé;

- demande de constituer dans chaque zone de police un groupe de policiers spécialisés en matière de violences conjugales, sur base volontaire, chargés des auditions et des enquêtes et en mesure d’assurer une permanence vingt-quatre heures sur vingt-quatre et d’offrir une prise en charge spécialisée et optimale des victimes venant déposer plainte;

- de mettre en place, au niveau des commissariats, des locaux adaptés et un protocole d’accueil des victimes de violences conjugales

• Considérant que l’ONU établit que la violence à l’égard des femmes et des filles constitue « l’une des violations des droits humains les plus répandues ; les plus persistantes et les plus dévastatrices dans le monde » ;

• Considérant qu’il n’existe, à l’heure actuelle, aucun recensement précis des violences faites aux femmes, ni en Belgique en général, ni à La Louvière en particulier ;

• Considérant que les violences conjugales ont augmenté d’au moins un tiers à cause du confinement ;

• Considérant qu’un sondage d’Amnesty et de SOS Viol publié en 2020 a révélé que 90 % des Belges pensent que la crainte de ne pas être cru·e est un frein pour se confier.

• Considérant que, selon ce même sondage, seulement 41% des personnes ayant subi au moins l’une des formes de violence sexuelle proposées (allant du harcèlement sexiste verbal au viol) en ont parlé à la police ;

• Considérant que, selon ce même sondage, de manière générale, 69 % des répondant·e·s pensent que l’accueil des victimes à la police n’est pas optimal et qu’il pouvait constituer un frein pour les victimes ;

• Considérant qu’on estime que seules 10% des victimes de viols portent plainte à la police ;

• Considérant qu’on estime que seules 10% des plaintes pour viol aboutissent à une condamnation ;

• Considérant que 35 % des victimes de violences entre partenaires sont victimes de harcèlement

• Considérant qu’une étude de Vie Féminine réalisée en 2018 a récolté de multiples témoignages faisant état, toutes régions confondues, de problèmes récurrents dans l’accueil des violences faites aux femmes dont : refus de prendre la plainte en raison de la minimisation ou banalisation des violences ; refus de prendre la plainte en raison de l’incapacité à reconnaître des violences ; refus de prendre la plainte avec responsabilisation de la victime ; conditions de plaintes inadéquates, absence d’information sur les droits et absence de suivi ; absence d’intervention immédiate et de protection ;

• Considérant que le féminicide est défini comme le « meurtre d’une ou plusieurs femmes ou filles en raison de leur condition féminine » ;

• Considérant qu’il y a eu 14 féminicides en Belgique en 2020 ;

• Considérant que la « Convention d’Istanbul », soit la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence entre partenaires (2011) établit que la violence à l’égard des femmes est, par définition, une violation des droits humains et une discrimination de genre ;

• Considérant que la Convention d’Istanbul établit un lien de causalité entre d’une part, une société dite patriarcale et les inégalités de genre qui en découlent et d’autre part, les violences faites aux femmes ;

• Considérant que la Belgique est signataire de la « Convention d’Istanbul » ;

• Considérant que la Convention ne produit pas des recommandations mais des obligations, à appliquer à travers des politiques coordonnées à tous les niveaux de pouvoir (article 7) ;

• Considérant que le phénomène des violences intrafamiliales est en hausse de 11,3 % par rapport à 2014 et de 18,4% par rapport à l’année dernière à La Louvière ;



Le Conseil communal de La Louvière demande au Collège :

- de faire un état des lieux chiffré des violences faites aux femmes dans la commune ;

- de présenter un plan d’action pour appliquer la Convention d'Istanbul au niveau local d’ici 2022 ;

- de mettre en place formations spécifiquement axées sur les violences faites aux femmes pour la police locale ;

- d’élaborer une campagne de communication pour encourager les victimes à porter plainte ;

- de mettre en place une plateforme de dialogue entre la police, le conseil consultatif des femmes et le secteur associatif.