PTB opposé au plan communal de mobilité à La Louvière
28 mars 2018
Seul le PTB s'est opposé au plan communal de mobilité. L'opposition d'Ecolo et du Cdh était bien timide (quelques virgules proposées...). Nous avons un tout autre point de vue... qui n'a pas plu du tout aux autres partis. La réaction a été très vive au MR (via Olivier Destrebecq) qui a tenté d'étouffer tout débat en coupant la parole à chaque phrase. Mais aussi d'Ecolo qui traite le PTB de "populiste", de ne pas être "réaliste",... Mais pourquoi sont-ils si opposés à toute discussion de fond sur la mobilité à La Louvière ? Nous tentons d'y répondre.
Dans les premières phrases du plan communal de mobilité, la réflexion de la majorité s’est surtout organisée autour de 2 choses : - de la problématique de l’accès à l’autoroute suite au projet de grand centre commercial (Strada). - de l’augmentation du nombre de voitures globalement dans la ville. 25 % d’augmentation prévue dans les prochaines années selon la région wallonne (dixit l’échevin Jean Godin). Pour le PTB, la première caractéristique de la politique néolibérale qu’on nous sert à toutes les sauces est de dépolitiser les problèmes qui se rencontrent dans les villes en présentant tout aménagement du territoire comme quelque chose de technique. Comme s’il y avait un grand consensus sur ce qu’on veut faire de la ville, sur l’occupation de l’espace et surtout pour cacher d’au service de qui se mettent les autorités communales. |
Le PTB propose un tout autre point de départ.
Nous ne partons pas des besoin en mobilité que va rencontrer le promoteur immobilier du grand centre commercial Strada (Wilhelm&Co), mais nous partons des problèmes que vont rencontrer et que rencontrent déjà les habitants.
Constats :
1) Nous entendons régulièrement la population se plaint du manque de places de parkings dans les quartiers. Quasiment chaque personne majeure a besoin d’une voiture aujourd’hui à La Louvière. Très peu de déplacements peuvent se faire en transport en commun.
2) Il n’y a aucun chiffre sur la pollution, notamment la concentration en particules fines dans la ville de La Louvière. Pourquoi n’y a-t-il aucune mesure de la pollution en ville ?
3) Je ne trouve rien à propos de l’enjeu majeur auquel notre société est confrontée: la lutte contre le réchauffement climatique. Avec un réchauffement de 0,8 °C, nous ressentons déjà les conséquences du réchauffement climatique aujourd’hui : fonte des calottes glaciaires et des glaciers, acidité accrue des océans, caprices du temps, sécheresses alternant avec de fortes averses. Année après année, les températures battent des records de chaleur dans le monde. Les mers montent. 20 000 îles pourraient disparaître.
Selon la Banque alimentaire et l'ONU : plus de 100 millions de personnes pourraient basculer dans l'extrême pauvreté et près de 600 millions pourraient souffrir de malnutrition d'ici 2080. L’ONU prévoit 250 millions de réfugiés climatiques en 2050. Ils étaient 85 millions réfugiés climatiques entre 2011 et 2014. On voit déjà aujourd’hui des phénomènes météorologiques exceptionnels se multiplier… même à côté de chez nous.
Dans ce contexte, il n’est pas responsable d’établir un tel plan de mobilité pour le développement à long terme de notre ville.
Quelles seraient les mesures à prendre ?
1) Diminuer drastiquement le nombre de voiture en circulation. Pas en dissuadant les gens (taxes, parkings payant,… « outils de restriction » dit la commune), mais en trouvant des solutions pratiques pour tous.
Comment ? Tallinn, la capitale de l’Estonie (430 000 habitants) a été la première à expérimenter le transport en commun gratuit dans la ville à grande échelle. Dans cette ville, nous avons constaté une diminution des embouteillages de 15% en 1 an. Comme la ville a connu une augmentation des habitants (25 000 habitants en plus), il y a eu plus d’entrées d’impôt (25 millions € supplémentaires contre 12 millions de coûts liés à la gratuité).
Ce débat est vraiment dans l’actualité internationale puis qu’il y a 2 jours, Anne Hidalgo, maire de Paris, ouvrait le débat sur le transport public gratuit à Paris pour 2020 http://www.bfmtv.com/politique/anne-hidalgo-reflechit-au-metro-gratuit-a-paris-1399685.html . Pour Dunkerke, ville comparable en nombre d’habitants à la ville de La Louvière, les transports publics seront gratuits à partir de septembre 2018.
Le modèle économique développé est le FFPT pour « free-fare public transport ». Cela concerne 96 villes et villages dans le monde et dans 138 villes partiellement.
De 1996 à 2014: Hasselt a abandonné ses projets de construction d’un nouveau ring et a choisi d’éliminer le titre de transport et de transformer son réseau de transport collectif en priorité. Jusqu’au changement de majorité communal...
A Aubagne, ville de 46 000 habitants, cela a coûté 1,57 million d'euros mais ils ont trouvé une manière d’augmenter la part que les entreprises payent pour le transport urbain sous forme d’impôt. Grâce à ce changement, 20 % des nouveaux passagers automobilistes déclarent avoir abandonné leur voiture grâce à la suppression du titre de transport.
Les alternatives à la voiture proposées dans le plan sont très timides et pas dissuasives : parking de délestage aux abords de la ville : qui va garer sa voiture pour prendre le bus et payer 4 à 5 euros de trajet aller-retour vers le centre de La Louvière ?
Carte des villes de France qui ont développé le transport public gratuit.
Plus d’info dans cet article intéressant : https://lavamedia.be/fr/experimenter-la-gratuite-des-transports/
2) Développer le transport à vélo : le fait que la météo n’est pas favorable dans notre pays n’est pas un argument… demandons aux Hollandais ! Nous devons développer des routes bien sécurisées pour que nos enfants puissent aller à l’école sans danger par exemple. Aujourd’hui, c’est très dangereux de se balader à vélo à La Louvière. Je l’ai déjà dit, mais dessiner des traits sur une route très fréquentée ne règle pas le problème des cyclistes… L’infrastructure hollandaise pourrait là vraiment nous inspirer.
3) Garantir que pour les plus long trajets, les gares soient accessibles facilement en vélo, mais aussi en voiture ! Quelle mouche a donc piqué la SNCB (en accord avec la commune probablement) pour rendre le parking de la gare du Centre payant ? (La commune a entre temps démentit le parking payant alors qu’ils en parlent dans le plan...) Pour le PTB il n’en est pas question et nous appelons les voyageurs à ne pas se laisser faire. Nous avons un très grand parking à La Louvière Centre et c’est un atout majeur pour le développement du rail. Le tarif des trains est déjà assez dissuasif que pour rajouter des frais supplémentaires pour la voiture. C’est un contre sens écologique. Avant de modifier la superficie du parking de la gare du Centre, il faut construire les parkings gare du Sud. Jusqu’ici, il est question de construire des parkings supplémentaires mais il y a de grands risques que les parkings de la gare du Centre soient supprimés avant de réaliser une solution à la gare du Sud.
4) Il ne sert à rien de construire des routes supplémentaires. Ajouter des routes augmente la facilité d’utilisation de la voiture et éloigne un peu plus la réalisation d’une alternative à la voiture. Le PTB s’oppose à la réalisation du contournement Est. Cela va coûter beaucoup d’argent qui aurait pu être investit dans un transport en commun gratuit.
5) Encourager les services à rester dans les villages de l’entité. Pour aller à la banque, à la poste, chez le boulanger, faire quelques courses, etc., il faut bien souvent prendre sa voiture et aller dans les centres des communes.
En plus de cela, il serait nécessaire de réduire la vitesse des voitures près des zones où il y a des usagers plus faibles : par exemple les hôpitaux, les maisons de repos, etc.
Et vous, qu'en pensez-vous ?