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Délégué licencié à Vandemoortele

Délégué licencié à Vandemoortele

Licenciement illégal d’un délégué à Vandemoortele (Seneffe) : « C’est la première fois que je ressens un tel sentiment d’injustice depuis le début de ma carrière (1981) » explique, émue, Michèle Duray, permanente FGTB Horval, dans notre interview ci-dessous.


Interviewe de Michèle Duray, permanente FGTB-Horval

 

Mais qu’est-ce qui s’est passé ?

La direction a simplement signifié au délégué qu’il ne devait plus venir à l’usine, qu’il est licencié. Bien sûr, c’est illégal puisque un délégué bénéficie d’une protection en principe. La loi prévoit une indemnité importante en cas de licenciement d’un délégué. Les grosses sociétés préfèrent payer de grosses sommes pour se débarrasser de délégués trop dérangeants. Pas demander ce qu’un bon délégué fait gagner aux travailleurs ! C’est pour cela que nous disons « mon délégué vaut de l’or ».

En général, quand une société a un problème avec un délégué, elle demande une conciliation syndicale avec les permanents. Ici, la direction n’a rien fait de cela. Elle a même avoué avoir cherché la faute grave. Mais, ici, elle n’a rien pu dire contre le délégué.

Prochaines élections sociales, quel travailleur va encore prendre le risque de se présenter aux élections sociales ? Il faut vraiment être casse-cous !


Qui était Laurent, le délégué licencié ?

Laurent, ouvrier à Vandemoortele était délégué à Vandemoortele à Seneffe. C’est une entreprise de l’alimentation. Ils fabriquent des donuts (1 millions par jour !). L’entreprise emploie beaucoup de travailleurs qui sont dans la précarité (intérimaires, employés d’entreprises de travail adaptés,…).

Laurent était quelqu’un de connu pour ses convictions syndicales très fortes. Il ne voulait pas recevoir l’enveloppe que doit lui remettre la direction. Il voulait mener une lutte sur des principes. C’est la première fois que je ressens un tel sentiment d’injustice depuis le début de ma carrière (1981). J’en ai pleuré. Son dernier cheval de bataille a été de dénoncer le plan de formation de la direction. La direction voulait former principalement les cadres et pas les ouvriers. Il a demandé à ce que les formations soient organisées aussi pour les ouvriers puisque le travail, en matière de sécurité par exemple.


Commet une telle mobilisation de différentes parties du pays a été possible pour défendre Laurent ?

Lors d’une formation syndicale à laquelle était présent Robert Verteneuil (secrétaire général de la FGTB), nous avons expliqué ce problème. Tout de suite les délégués présents ont voulu se mobiliser pour contrer la décision de l’entreprise.

Le 22 janvier dernier, 300 personnes se sont rassemblées à 4h du matin à Seneffe. Des travailleurs de la Belgique entière ont alors rejoint l’usine.

C’est une situation qui parle à beaucoup de délégués puisque eux-mêmes sont susceptibles de subir la même injustice dans l’exercice de leur fonction. Les élus des travailleurs n’ont malheureusement pas la même protection que les élus du peuple ! Ces grandes sociétés ont parfois un budget illimité pour virer un délégué. Par exemple, Inbev a licencié 4 délégués et leur a payé 10 ans de salaire ! Ce que les gens de savent pas, c’est que ces indemnités interdisent tout revenu de remplacement pour ces travailleurs : pas de chômage, pas de revenu de la mutuelle s’ils tombent malade plus tard, etc.


Quelle va être la suite de cette bataille pour les droits syndicaux dans cet entreprise ?

L’employeur ne veut rien entendre malgré les actions que nous avons menées. A Yzeghem, nous avons été reçus par la police. La police a même secoué un délégué présent. Nous avons dû faire demi-tour et nous sommes retournés à Seneffe où nous avons bloqué une pause. La direction a mis une grande pression pour que les travailleurs ne fassent pas grève. Les gens ont peur. La direction a renvoyé chez eux et a dit aux travailleurs qu’ils seraient indemnisés. Finalement elle n’a payé personne. Les gens étaient évidemment très fâchés contre la direction qui leur a menti.

Avec l’avocate de la FGTB, nous avons déposé un dossier au tribunal pénal. Un licenciement de délégué sans aucune justification ne doit plus jamais arriver. Il faut changer la loi sur la protection des délégués. Il faut l’obligation de passer par un tribunal lorsqu’une entreprise veut licencier un délégué. Le projet de loi déposé par le PTB (en juin 2017) est un bon projet. Il prévoit que si les patrons ne respectent pas la loi, il faut des astreintes pour obliger l’employeur à réintégrer le délégué. Ce sera certainement un thème important pour le prochain congrès de la FGTB.

Interview de Michèle Duray, permanente FGTB-Horval, par Antoine Hermant

 

Le PTB a déposé un projet de loi le 1er juin dernier

Le 2 février dernier, la FGTB Centre a invité le PS, Ecolo et le PTB pour écrire un projet de loi pour une meilleure protection des délégués. Le PTB, par l’intermédiaire du député Marco Van Hees et le responsable du PTB Centre Antoine Hermant a expliqué que nous avions déjà déposé une loi dans ce sens le 1er juin 2017. La proposition de loi est disponible ici : http://www.lachambre.be/FLWB/PDF/54/2500/54K2500001.pdf